L’Islam est, en France, une religion importante puisque on s’accorde généralement à penser qu’elle représente 6% de la population. Rappelons que les différentes traditions protestantes ensemble ne rassemblent que 2%. Ces chiffres laissent bien sûr le catholicisme très majoritaire, même si nous savons que, comme pour toutes les religions dont l’Islam, il y a une grande différence entre un sentiment d’appartenance et la pratique réelle d’une religion. La présence des musulmans peut être variée selon les régions, mais le sentiment de la population l’est sans doute moins car il semble s’appuyer plus sur des images véhiculées par les médias que sur la réalité d’une présence effective de personnes de religion musulmanes. Cela dit, certains quartiers de banlieue des certaines villes peuvent être si largement à majorité musulmane qu’ils en deviennent des sortes de ghettos. En disant cela, on sent déjà la difficulté que peut représenter la différence entre une religion avec ses adeptes réels et une population plus ou moins rapidement identifiée avec sa religion d’origine.
Si une certaine animosité à l’égard des musulmans existe depuis longtemps, il va de soi que la radicalisation assez forte de bien des musulmans et surtout de jeunes, la situation internationale dans laquelle la France est impliquée en Afrique et au Proche Orient, et surtout la montée du terrorisme d’origine islamiste, y compris sur le sol national ont favorisé la croissance d’un sentiment de plus en plus ouvertement islamophobe comme celle de partis d’extrême droite.
Les origines de l’Islam en France
Les musulmans français sont, en très grosse majorité issus du Maghreb, c’est à dire de territoires très liés à la France. Si pour plusieurs de ces pays, comme le Maroc ou la Tunisie, l’indépendance a été acquise de manière relativement paisible, l’Algérie l’a conquise après une longue guerre (1954-1962) qui a laissé des traces dans la mémoire collective. Le retour massif de « pieds noirs », c’est à dire de français ayant vécu au Maghreb depuis souvent de nombreuses générations a également eu une influence sur le regard que la population porte depuis déjà longtemps sur l’Islam. Les évangéliques français sont influencés par l’opinion de beaucoup de leurs concitoyens sur l’Islam et les musulmans.
Le regard évangélique sur l’Islam
Les évangéliques français, même s’ils sont en croissance, sont encore une petite minorité. On évalue leur nombre à environ 350000. Il est probable que cette situation influe aussi sur leur attitude vis à vis de l’Islam. De manière générale, les évangéliques ont un comportement fortement évangélisateur. D’autres protestants, plus marqués par un certain libéralisme, ont très principalement mis l’accent sur le dialogue interreligieux, entretenant avec certains représentants de l’Islam des relations assez étroites. Beaucoup d’évangéliques (mais aussi beaucoup d’autres chrétiens) ont eu tendance à considérer que dialogue et évangélisation s’excluaient et qu’il fallait choisir. Leur choix s’est alors évidemment porté sur l’évangélisation. Leur attitude à l’égard des autres religions (le judaïsme ayant, pour des raisons théologiques, une place un peu à part) a donc été celle de la volonté de conquête et d’évangélisation.
Mais d’autres facteurs entrent également en jeu. Le rapport entre protestants évangéliques et protestants plus libéraux est très largement un rapport conservateurs / progressistes. Cela se retrouve dans les grands débats éthiques actuels. Mais cela influe assez largement sur leur attitude. Face à l’Islam, la réaction de beaucoup est aujourd’hui celle de la peur et du soupçon. Le musulman est suspecté de vouloir conquérir l’Europe et d’être lui-même, comme en miroir, dans une volonté de conversion des personnes à sa religion. On se situe donc dans une rivalité radicale et cela d’autant plus que la solidarité avec les chrétiens persécutés du Proche Orient est fortement ressentie. Si les médias évangéliques officiels ont une attitude qui reste modérée et prudente, les sites et les blogs que l’on peut trouver sur Internet sont parfois beaucoup plus véhéments et certains sont clairement islamophobes.
Dialogue et témoignage
Il existe également de plus en plus de chrétiens évangéliques qui désirent témoigner de leur foi à leurs amis musulmans dans le respect et le dialogue. Ils sont persuadés que, lorsqu’il s’agit d’une personne qui a elle-même des convictions religieuses, le seul témoignage possible est celui du dialogue qui respecte et écoute l’interlocuteur. Le chrétien cherche alors à comprendre la foi de la personne en face de lui et exprime la sienne avec la même liberté. Dans cette approche, le musulman est d’abord considéré comme un prochain à aimer, à respecter avant d’être un simple sujet à évangéliser.
Des associations qui oeuvrent dans ce sens se développent de plus en plus, souvent animées par d’anciens musulmans devenus chrétiens. Mais si ce genre de témoignage a tendance à se développer, une attitude marquée par la peur de l’Islam semble majoritaire dans les milieux évangéliques français.
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